Une toile est pour moi comme un voyage intime, un voyage intérieur auquel je vous invite tout au long de ce blog.
5 Mai 2011
Voici un poème de Dominique Le Boucher, publié dans : " Les cahiers des diables bleus "
à lire dans sur son blog.
Sur la route
Trois petits enfants sur la route de Tripoli
C'est le printemps il fait beau ils sont partis
Cueilllir des branches de tamaris qui sont des fleurs roses ah oui !
Au printemps les arbres ça fleurit dans ce pays ?
Malgré la connerie des gens ravis
Qui crient vengeance qui crient vas-y !
C'est l'heure de se remplir la panse c'est midi
Leurs mains ne serreront rien dans leurs doigts raidis
Trois petits enfants ce sont les fils de qui ?
Ah bon ! tant mieux ressers-nous un Wisky
Trois petits enfants sur la route de Lockerbie
C'est l'hiver il fait froid la neige joue bleue dans leur yeux
Les mélèzes ont perdu leurs épines roses ça vaut mieux
Avec les plumes des oiseaux morts un lit moelleux
Est prêt et un drap suaire très joli taillé pour eux
Des types ont décidé que la fête aura lieu
Un peu avant la date où les sapins font feu
De toutes leurs branches en hiver les arbres se sapent joyeux
De flammèches blanches allez allume ! tant pis pour eux
Hein ! quelle foutaise que leurs bons dieux
Trois petits enfants sur la route de Benahazi
C'est le printemps et les tamaris sont en fleurs déjà?
Les hautes tours blanches se penchent la cité moderne dans le lac se noie
Les palmiers aux grands bras nus sont les seigneurs de la medina
Mais les gamins ont la peau noire c'est en Afrique ce pays là ?
Pourvu qu'ils y restent on ne sait pas
Leurs parents sont venus du Tchad du Mali du Niger pourquoi ?
Ce sont des fils d'esclaves alors basta !
Leurs mains ramassent des éclats de miroir où ils voient
Pour la première fois leur frimousse qui mousse d'effroi
Trois petits enfants sur la route de Gaza
C'est l'hiver dans les oliviers s'ébroue le jour gris
A l'intérieur de la baraque en parpaing il n'y a rien tant pis
Deux trois branches ça fera un tapis aux nuances jolies
Sur le feu de débris la galette de semoule cuit
Le ciel enchante les bougies de la nuit
De l'autre côté de leurs écrans les monstres rient
Bientôt ce sera un gigantesque incendie
Trois petits enfants ce sont les fils de qui ?
D'un pays sans peuple ressers-nous un wisky !
Trois petits enfants sur la route d' Ubari
C'est le printemps il y a longtemps qu'ils sont partis
De l'oasis entre les troupeaux de dunes la lune les suit
Les longues oreilles blanches des fennecs frôlent sans bruit
Leurs chevilles légères que la rosée rafraîchit
Pas de danger que les maudits les poursuivent ici
Au désert les cairns ont remplacés les fusils
Moula-moula qui sautille à côté d'eux a dit
Pas de soucis ils arriveront bien avant midi
Oum el Ma a préparé pour eux une maison d'oubli
Au pied de chaque palmier du lac vert est enfoui
Un petit éclat d'enfance ébloui.
Epinay, dimanche, 1 er mai 2011
Aux enfants libyens assassinés par les tueurs d'occident
Aux enfants d'Afrique et du monde.
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